De l'expérience zazen à la décoïncidence créatrice
L'assise comme point de départ
en mettant en perspective l'experience propre de la méditation zen (zazen)
Tout commence dans l'assise du zazen. Cette pratique millénaire révèle, dans le silence du corps immobile et la respiration consciente, une dimension de l'existence que la pensée conceptuelle peine à saisir : l'émergence d'un espace relationnel qui échappe aux catégories occidentales du sujet.
Dans cette expérience originaire du sentir, quelque chose se dévoile qui invite à repenser nos rapports au monde, à autrui, à la connaissance. C'est à partir de cette intuition première que nous proposons un travail de décoïncidence - pour reprendre le terme de François Jullien - qui met en tension créatrice les écarts entre les cultures, les traditions et les modes de pensée.
Faire l'épreuve : du zazen aux pratiques
Comprendre, c'est d'abord et toujours "faire l'épreuve" !
L'expérience zazen n'est pas une fin en soi, mais le socle à partir duquel nous explorons différents champs d'expérimentation :
• Mime et théâtre masqué : où le corps découvre d'autres modalités de présence et d'expression
• Calligraphie : où le geste révèle l'unité du souffle, du tracé et de l'intention
• Arts martiaux : où se cultive une martialité qui transcende la dualité combat/paix
• Étude des textes : où la lecture devient pratique contemplative
• Disputatio : où le dialogue devient chemin de découverte mutuelle
Le ma (間) : révélation d'un espace relationnel
Ces pratiques diverses convergent vers la révélation de ce que la tradition japonaise nomme le ma (間) : cet espace relationnel de co-présence où les êtres se découvrent et se constituent mutuellement.
Contrairement à la philosophie occidentale qui oppose intériorité et extériorité, le ma désigne le champ vivant de leur rencontre. Il ne s'agit ni d'un "dedans" ni d'un "dehors", mais de cet entre-deux qui permet aux différences de dialoguer sans se dissoudre.
Vers un dialogue créateur
Cette démarche s'inscrit dans une ambition plus vaste : faire dialoguer le bouddhisme et la philosophie, l'Orient avec l'Occident, la phénoménologie occidentale et japonaise. L'entre-deux devient ainsi le lieu de la tension créatrice qui révèle d'éventuelles structures communes profondes entre traditions, cultures et théories hétérogènes.
C'est ce travail de "pontonnier" - pour reprendre l'expression inspirée des travaux d'Olivia Caramello sur Grothendieck - que nous proposons : non pas syncréti¬sme, mais mise en résonance respectueuse des différences.